| Nous, retirés au Mont Lam, regardant souffrir la patrie, masquant notre haine des années durant, le coeur serré d'angoisse, nourris de fiel, couchant sur des épines, oubliant de manger, nous avons étudié toutes les stratégies, scruté le passé, jaugé l'avenir, soupesé les facteurs de victoire. Jusque dans nos rêves, nous poussions les plans d'insurrection.
Nous avons levé l'étendard: juste au temps où l'ennemi était au zénith de sa force. Nous manquions de conseillers, d'officiers, de soldats. Nous brûlions de sauver le peuple, d'avancer vers l'est. Sur notre char, nous laissions une place vide pour accueillir des amis. Les ombres des amis se perdaient dans la brume. Mais, pleins de colère contre l'agresseur, inquiets pour le destin de la patrie, nous avons oeuvré d'urgence, comme on vole au secours d'un noyé. |